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Prose du transsibérien (S Delaunay)

Pochoir, 198 x 35 cm, 1913.

 

 

La Prose du transsibérien est un poème de Blaise Cendrars illustré par Sonia Delaunay en 22 panneaux, 200 x 36 cm, 1913, University Art Museum, Princeton (New Jersey).

 

Chaque panneau comporte une partie de texte à droite et une aquarelle de Delaunay à gauche. Les aquarelles sont principalement abstraites, constituées de blocs de couleurs, qui vont des tons pastels frais au bleu indigo vif, au vermillon, au violet, au jaune et au vert. Le travail de S Delaunay déborde également sur le côté droit, remplissant l'espace entre les strophes de Cendrars, qui ont été imprimées avec une typographie de couleurs, de tailles et de polices de caractères variées.

 

La prose sur le chemin de fer transsibérien et ses illustrations a été produite à Paris en 1913 et imprimée sur une seule feuille de papier, pliée en accordéon. Une fois déplié, ce document mesure 2 m de haut. Le tirage original devait être de 150 exemplaires, qui mis bout à bout auraient la même hauteur que la tour Eiffel, mais seulement soixante en ont été imprimés. En raison de sa grande échelle, la prose sur le chemin de fer transsibérien ne fonctionne comme un livre lisible que lorsqu'elle est complètement ouverte. Généralement exposé déplié et disposé dans une vitrine, ou montré suspendu comme un morceau de mur, cette "extension d'échelle… remet en question les limites de perception du spectateur" (Juliet Bellow), car le "morceau semblable à un rouleau" donne "une forme visuelle au voyage prolongé".

 

Le poème de Cendrars est écrit dans un style en vers libre qui suit les pensées et les impressions du poète, formé lors d'un voyage sur le chemin de fer transsibérien pendant la Révolution russe. L'itinéraire est indiqué sur une carte imprimée en rouge en haut de la feuille, au-dessus du titre. Le récit prend un rythme erratique, correspondant au mouvement du train ainsi qu'aux scènes cahotantes de mort, de dévastation et de pauvreté observées depuis la fenêtre. Ces descriptions sont rythmées par la répétition de cette phrase de la compagne du poète Jehanne demandant `"Dis Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? ''. La beauté et la vivacité de la vie à Paris, l'art et les romans, les cafés et les deux grands symboles de la modernité de la ville, la Tour Eiffel et la Grande Roue sont les seuls repères des représentations figuratives de la contribution visuelle de S Delaunay.

 

Ce texte sur le chemin de fer transsibérien qui met en scène l’unification du texte et de l’image est un exemple clé du "simultanéisme" (théorie simultanée) développé par S Delaunay et son mari Robert. Avec cette théorie, ces deux artistes ont exploré les effets harmonieux et lyriques produits en assemblant certaines couleurs. Ici, tout comme Cendrars a expérimenté la réalisation d'un sens du mouvement dans son écriture, S Delaunay l'a exploré dans la simulation du mouvement à travers la juxtaposition de couleurs contrastées et de formes dynamiques. De cette façon, l'œuvre de S Delaunay n'est pas une illustration du récit de Cendrars, mais son équivalent visuel, destiné à être vu à l'unisson. Le simultanisme de ce livre est dans sa présentation simultanée plutôt qu'illustrative. Le contraste simultané des couleurs et le texte forment des profondeurs et des mouvements constituant une nouvelle inspiration (cf. Philomena Epps).

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Uploaded on June 7, 2020